Malamine Diouf
Nationality: Senegal
Email: malamine.diouf@ugb.edu.sn
Nationality: Senegal
Email: malamine.diouf@ugb.edu.sn
Malamine Diouf
Malamine Diouf est né à Fatick, au centre du Sénégal. Il fait ses études élémentaires puis secondaires respectivement à Tattaguine et à Kaolack.
Il est Conservateur des Bibliothèques, titulaire d’un Diplôme supérieur en sciences de l’information et de la communication à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar où il fît d’abord des études de philosophie.
Recruté en 1990 à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB) il y dirigea pendant plusieurs années le SYNTUS, syndicat du Personnel administratif, technique et de service, et y obtint une licence en Science politique.
Elu en 2010 Directeur de la Bibliothèque centrale de l’UGB il publie son premier recueil de poèmes SINIG chez l’HARMATTAN en 2011.
CREPUSCULE
Semences ivraies qui empoisonnent la terre
Corsaires en rade qui peuplent l'océan de râles
Dont l'écho sinistre retentit terrible des cales
Jusqu'à l'orée des champs verts il n'y a guère
Crocodiles et Requins par la décrue mis à nu
Hordes de Prédateurs effrayés qui tirent à vue
Capitaines déboussolés et Bonzes commanditaires
Oiseaux mange - mil et Criquets sédentaires
Manteaux Turbans et Voiles complices
Qui couvrent nos corps de supplice
Cœurs à l’acier trempés et esprits malins
Surplombant de ses fastes vos hauts miradors
Insensible à l’éclat honteux de vos crocs d’or
Le Safran du crépuscule pour vous sonne le tocsin
PALABRES
Ventres sacs de morve et Crocs d'or tiennent conseil
Ourdissent plans grandioses et hypothèses merveilles
Disent leur dada et cooptent leur comité de suivi
Qui s'embourbe sur des traces à chaque pas perdues
Regardez les s'embrasser se cogner du ventre plutôt
S'empresser de ficeler motions résolutions soudaines
Murmurer à l’oreille leurs invitations mondaines
Quand repus ils se séparent jusqu'au prochain numéro
Palabres stériles théories mal cernées
Lueurs qui n'éclairent qu'esprits bornés
Sentences hurlées entre murs en dur
Qui à Kocc barma 1 auraient déclenché l'ire
Thérapeutiques et terminologies d'impotents
Médiocrités glanées ailleurs subtils diktats
Sont pour trop sur le Continent
La semence des faiseurs d’état
COMPLAINTE
Epave de lave refroidie
Du fond de l'onde surgie
Roc dur érodé par le flux
Des flots de l'Atlantique
Pierre de nuit stoïquement défiant
L'immensité de l'océan au couchant
Colline dégoulinante de sang noir
Aux Baobabs qui suintent amers
Voici mon seuil
Brûlé de soleil
La boucle tenaille
Aux marches méchantes
Qui me narguent insolentes
Voici le Fer à cheval de malheur
Pour ma route si longue vers l'enfer
Le Fer courbé dessus mes fronts fiers
Que chevauchent des marchands pâles
Friands de sucre et de sueur et de râles
Les bourreaux qui d'ordres et d'injures
M'ont voulu extirper la mémoire
Je dis que par ce Fer sont arrivés
Tous les torts à ma race faits
Et mes complexes et mes tares
C'est le Fer à cheval de mes malheurs
Qui piétine sans pitié mes chairs
De ses lourdes pattes anthropophages
Telles celles des salamandres lithophages
Qui érodent les rochers de mes rivages
C'est l'ogre qui me mord
Et écrase mon corps
De son ventre proéminent
Cimetière incontinent
………………………………………….
Je pleure ma Perle océane
Je pleure le viol de mes mânes
Car j'abhorrela Boucheà feu de métal
Qui enturbanne mon sanctuaire de Kastel
Je pleure la douleur de mon Aïeule
Maîtresse des profondeurs abyssales
Mon Génie rebelle
Maam kumba kastel
Je te pleure
Essaim noir
Rade des rameurs
Aux rames téméraires
Grouillant dès l'aube de mille clameurs
Conviviale petite plage sans rancoeurs
Coque parée de sang contre la mer
Colline damnée douleur dela Terre
Portion de mon Continent martyr
Radeau qui jamais ne chavire
Le soir
Quand tout se tait
De toi
Tout me parle
Encore
Dans le silence
Et j'entends
L'écho lugubre des fouets qui claquent
La complainte des fugitifs qu'on traque
Le soupir de Kunta Kinte qu'on matraque
Jusqu'à tes murs de pierre qui craquent
Tes ruelles du sang enlaidies
De tant de pieds écorchés jadis
Violées par milliers de pas profanes
Et de foulées de souliers infâmes
Qui serpentent magnanimes
Me parlent en sourdine
Quand s'estompe le chahut estival
Me parle encore l'écho éternel
De la voix grave
De ta Mémoire
Njaay Jaata
Sur les parois
Et les couloirs
Des cachots mouroirs
Me parle le keleng keleng sourd
Des restes de menottes et chaînes assassines
Et les rafales glaciales des alizés complices
Parla Portedu non retour.
AMBIVALENCE
La roue du temps qui tourne
Tourne dans tous les sens
Et sans cesse se retourne
M'a concassé les sens
J'en ai perdu depuis
Le fil du temps
Et je ne sais plus
Le temps qu'il fait
Tantôt beau
Tantôt gris
Temps doux
Temps câlin
Temps balourd
Temps putain
Temps pour la paix
La main dans la main
Temps pour la guerre
La haine hors la gaine
Il y a le temps convivial
Des chaudes accolades
Il y a le temps fatal
Des rudes bravades
Il y a le temps des vendanges
Des tam-tams endiablés
Des Mbappat 1 qui fêtent
L'abondance des récoltes
Les flots d'eau de vie
Il y a le temps des grabuges
Des tam-tams funèbres
Qui battent frénétiques
La morbide rythmique
L’appel de l'au-delà
L'heureux temps quand roucoulent
Amoureuses les colombes
Dans l'intimité des nids de joie
Le temps triste quand croassent
Les crapauds assoiffés
Dans la fange des étangs taris
Temps étale
Temps instant
Temps pile
Temps face
Les deux moments
D'un même temps
Ambivalent
Temps d'avant
Temps d'après
Temps d'antan
Temps d'avenir
Temps de l'oubli
Temps du souvenir
Le temps de la béatitude
Des couchers grandioses de soleil
Sur la natte dorée des prairies
Le temps de l'inquiétude
Dans l'obscurité de la nuit
Qui rappelle le ventre de la mère
Il y a le temps des soupirs d'aise
Il y a le temps des râles de malaise
Ha ! Le temps de l'insouciante enfance
A compter par centaines
Tête calée au tendre coussin
De la cuisse maternelle
Les roussettes aux champs allant
En files qui s'étirent infinies
Dans le silence sublime du crépuscule
Le temps de l'angoissante attente
De la délivrance du mal
Dans le lit froid d'hôpital
Sur le banc étroit de la vindicte
L'instant tragique du verdict
Temps quel temps
Fugaces instants
Si long temps
Il y a le temps de la lumière
Il y a le temps des ténèbres
Il y a le temps du jour
Il y a le temps de la nuit
L'ultime temps de la mort
Qui déjà afflige
L'infime temps de la vie
Qui déjà se fige.
ERRANCE
Humains mes semblables
Vos balises ci m'égarent
Qui bouchent mon regard
M'aveuglent vos phares
Soient honnies vos frontières
Qui de mes frères me séparent
Vos lueurs ne sont que leurres
Lumière qui n'éclaire que tares
Otez de ma vue ôtez de ma voie
L'écume retorse de vos vagues
Eloignez de mon sillage de mes plages
Les Sous- marins aux flancs toxiques
Les Drakkars aux mâts iniques
Otez vite de ma voie
Le monstre qui me viole
Depuis l'aube du monde
Il m'a dans ma campagne
Fauché ma pousse vivrière
Dans ma ville m'a ravi
La solidarité de mes frères
Otez de mon chemin
Les flots marins réchauffés
Par l'effet de serre malin
Sur la planète étouffée
Otez de ma voie
La cannibale loi
Qui s'est régalée
Des entrailles de Troie
Qui s’est enivrée
du sang sucré de Gorée
Qui a dévoré
A Pir à Alexandrie les manuscrits
Qui a noyé
La chair coalisée de Normandie
Qui a explosé
Le corps jaune d’Hiroshima
Qui a croqué
Le cœur amer de Caaroy
Qui a sucé
Le fruit vert de Soweto
Et entend sur la terre de maux lasse
Condamner ma voix rebelle au silence
Et mon âme conviviale à l'errance.
LEVAIN
Pousses sur les sols arides accrochées
Germes dans l'étau des champs fatigués
Galères solitaires dérivant d'îlot en îlot
Nénuphars épars sur la furie des flots
Pousses farouches
Plus solides que souches
Filles des terres de grandeur endeuillées ces temps
Orphelins téméraires réclamant leur héritage ravi
De leurs Héros de naguère implorant l'avis
Des hauts faits d'hier cherchant le prolongement
Trombes d’onde
Bourgeons du monde
Pour modèle devant vous sur les sentiers dérobés
Rampent Lions sots peureux et Caméléons hésitants
Pavant de boue et de bévues les avenues dénudées
Polluant de sottises et de mues perfides l'air du temps
Promesses des sols défaits
Gousses grosses de hauts faits
Ces plaines abominent vos rédempteurs élans
Mais vos pieds intrépides martèlent hardiment
Q'au fond des mares où stagnait l'eau jadis
Subsisteront toujours de fines traces
Oasis des savanes
Eaux douces des Tan
Poussant et repoussant seuls sur ces sols dortoirs
Vous ouvrez limpides vos grands yeux de hiboux
Et debout au milieu de tous ces fronts à même la terre
Vous levez encore haut vos têtes dures de Bambou.
LE SOFA DU FASO
Il est de sombres soirs
Que la lune lâche n'éclaire
Ce soir il faisait si noir
Et fugitif était l'éclair
Mais droit comme un dard
Crinière au vent vert foulard
Gonflé de mille colères
Il narguait les sorcières
Malgré l'ardeur des lutins
Grand baobab debout
Il lutta jusqu'au bout
Ode authentique au continent
Son homélie retentit résolument
Encore à la croisée des chemins.
CARAVANE
Chevaux des savanes Vaisseaux bossus de Gannaar Mules et Anes de partout
Chargés de l'ébène des forêts denses du sel des Tan du Siin de l'or du Bambuk
Me suivent hardis chaque matin dans la fange des chemins à travers la poussière des clairières
Echangeant volontiers le long des pistes transcontinentales mes trésors avec mes frères
Nomade impénitent citoyen du Continent abominant volontiers le mal vivre des villes rapaces
Debout dès l'aube j'ébranle mon cortège immense à l'assaut des grands espaces
Armé de mon foulard et de ma lance sans papiers je n'ai que faire des Paperasses
Le soir quand l'astre décadent rougit la terre je plante ma tente où je veux pour ménager mes
compagnes lasses
Dont les crottes déchets bienfaisants engraissent au passage le sol des plaines basses
Tout au bonheur des paysans désemparés sans un rond encore moins une liasse
Les sables du Sahara la boue des pays Baoulé comme les épines des pinèdes connaissent
la semelle de mes godasses
Du sud au nord de l'est à l'ouest envers et contre Etats par monts et par vals partout je passe
Gardes qui me guettent et m'indexent vos képis me répugnent insensées bornes
Gare à ma lance si vous me parlez de bornes frontières ou de frontières bornées du même au
pareil
Naturelles ou surnaturelles léguées à vous ou par vous conquises érigées je m'en tape l'oeil
Montagnes fleuves Nations creuses Etats ethniques lacs et cataractes rien n'arrêtera la marche
fatale de ma caravane.
CAR MON CHANT…
Coupez
Et baissez les porte-voix
Plus d'ode pour les folies du monde
La trop aérienne fureur de l'homme
Allons ! débranchez vite les hauts parleurs
Car mon chant ne dira plus les hauteurs
Son écho à la chaude tonalité
N'enlacera plus
Sur les échafaudages de vanité
Le vertige puéril
Mon chant ça suffit
Ne magnifiera plus
Du Léviathan étalon
La boulimie horrible
Ni l'ambiance frénétique
Des lubies hégémoniques
Mes rhapsodies ne diront pas
De l'homme la mise au pas
Ma rampe ne sera plus jamais
Le dos zébré courbé de l'homme
Dussai-je faire des couloirs si sombres
Des terriers tout tapissés d'ombre
Mes boulevards sous sol
Pour ballets de carnaval
Je tasserai de mes fesses le gras superflu
Sur la terre fertile en diable des vallées
Sur la trace des pas foulant tenaces
Le sol retourné des campagnes en rut
Sous le soleil libidinal du mois d'août
Alors mon chant mêlé
Au chant de la terre
Aux voeux tout en sueur
Des gueux si simples
Prendra son envol
Féconder les fleurs
Des monts vermeils
Pourtant je vais j'irai toujours chantonnant
Par le vaste monde mon chemin cherchant
Lorgnant par-delà
Des choses l'éclat
Car mon regard encore
Est captif des Frontons.
NIRHAGONGO
Je te chante
Zymase mature
O Forge prodige
Aux soufflets discrets
Plus fins que traits
De peul du Ferlo
Etalant sur l'or de tes flots
Mûrissant le long des siècles
La divine couronne des fûts sacrés
Je te chante ferment semant
Des tunnels sans bout
Aux passages cul-de-sac
A travers grottes et goulottes
L'ignare empressement des Rats
Dans le placide secret des caves
Je te chante
O toi couvant jalouse
Ta douce coupe de volupté
À la bouche sobre destinée
Et qui patiemment attend
Du Cru le lent temps
Je te chante Elan tigre
Tension que ligote
La Penséenorme
Domptant tes cordes
Fibre après fibre
Je te chante
Patient ramassis
De lambeaux de refus
De fractures garrottées
De cohortes de loqueteux
De hordes de sans voix
Et d'Elus dessus les lois
Je te chante
Grossesse commune
Des pâtres et des ferradés
Magma de râles de douleur
Et d'espoir primordial
Enfantement de l'Universel
Je chante la mélodie si belle
La lente symphonie de décibels
Le choeur étoilé des galaxies
Que berce l'espoir des paradis
Je te chante Elixir
Quintescent esprit
Ignescent à l'affût
Tous souffles tus
Tapie tout au fond
Des cratères sombres
Je te chante
Cocktail majeur
Plus patient que chasseur
Pétulance de roches bombes
Peintes indélébiles
Aux sept couleurs
De l'arc-en-ciel
Je te chante
Atre présumant
Dans le mystère de l'ombre
Et l'humeur frivole
De la terre profonde
Le flux grand Congo
Le Kilimandjaro
Des mondes libres
Eclos solidaires.
FIPPU 1
Assez assez
Ce soir de Léthé
O Roog-seen
Je suis à bout
Je n'en peux plus
Du tout du tout
Plus du tout
De ces gouffres
Pour périphéries
Hérissés d'affres
Qui ne m'offrent
Que balafres
Fatras
Amas
De maux
De potions
Médications malsaines
Thérapies assassines
Je ne veux plus
Mais du tout alors
De toutes ces voies
Qui se suffisent
Dans mes tiers-mondes
De lampées que l'on a
Dans les mares à bilharzies
De rasades y'a que ça
Dans les rivières à cécité
Je ne veux plus
Robot demeurer
Somnambule
Sans états-d'âme
Mutant attardé
Puant tant de tares
De couleurs délébiles
Je ne veux plus
Tituber dans mes parcs
Le long des allées
De mes plaies dallées
Pavées de mes râles
Les voies royales
De mes malheurs
Ce soir Non
Je ne veux pas
Marcher par là
Au pas dicté
Sur ces chemins-ci
De croissances mirages
De programmes miracles
Les marchés qui raclent
Mes ventres cobayes
Cà suffit là
Car je suis las
Des milles excroissances
De mes dures souffrances
……………………………..
Ce matin je veux
Par des chemins à moi
Des pistes sans trappes
Où nul cerbère ne guette
Où ne pousse nul épineux
Des chemins lumineux
Aller à l'assaut
De mes hauts tombeaux
Mes Mbanaar immuables
Ce matin je veux
Que mes Aïeuls furieux
Dans les Monts tombeaux
Mes momies furibondes
Abominant outrés
Ma mue qui pue
Reposent en paix
Enfin sereins
Ce matin je veux
Percer derechef
L'unité énigmatique
Des figures morcelées
Sur mes sols harcelés
Par trop de pas de danse
Par trop de tarés plans
Ce matin je veux
Face de charbon
Brave rejeton
Des Laman prodigues
Maîtres d'Euclide
Partageurs du limon
Des crues fécondes
Franchir allègre
D'un seul bond
Mes cimes pérennes
Ce matin je veux
De l'élan de mille douleurs
De millénaires meurtrissures
Nager brasser ramer résolument
A contre-courant des ci temps
Gouvernail unique braqué vers
Mes bouées brunes de pierre
Dans l'onde gourmande des sables
Ce matin je veux
Gravir quatre à quatre
Les marches sacrées
Des sommets somptueux
Mes cimiers de blocs
Amas savants de rocs
Inusables docks
Ce matin je veux
Gagner les hauts lieux
Pour camper hardiment
Sur mes toits bienséants
Y humer le souffle germinal
Des bâtisseurs d'éternel
Y dompter d'une vue unique
Mes lambeaux de républiques.
1 refus énergique ou révolte, en Wolof.