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Dominique Le Boucher
Nacionalidad:
Francia
E-mail:
Biografia
Les mots volés

Epinay, Samedi, 3 janvier 2009
A Ibrahim
Aux enfants palestiniens assassinés


C'était quelques jours après Noël
Une page de journal dans les chiottes
D'un monde qui sent comme Gomorrhe
Les ordures la bonne nourriture
Un article écrit par un homme
Aux mains recouvertes de cendres
Nous lançait à la face l'imposture
Quand les bonnes consciences racontent
Que la paix allume ses loupiotes
A cette époque où on suspend aux branches
Des vergers des paroles de bonté
Un homme seul comme Camus l'était
Quand l'Espagne de Franco fêtait
La bonne naissance des peuples rois
Un type qui voit les chardons en pleurs
Fleurir dans les yeux déjà flous
Des enfants d'un peuple très ancien
Dépose sur leurs paupières des mots
Légers un homme qui ne peut rien
Faire d'autre qu'écrire la honte
Des laquais bavards aux pattes blanches
' Et demain je lirai dans vos journaux. '
C'était quelques jours après Noël
Les peuples rois gavés fêtaient
Chaque année dans les bonnes maisons
Autour de toute la terre celles
Où les coupes d'or sont remplies
A ras bord des yeux des mômes morts
Qui nous regardent comme Genet
Dans les pupilles de Chatila
Pétillant de milliers de feux follets
Qui montent flammèches nous montrent
Du doigt et errent autour de leur terre
Natale et les yeux de nacre de l'homme
Seul aussi l'homme qui écrit
Des mots inutiles comme ceux
De Garcia Lorca des bulles de vent
Qui montent des lèvres de paille sèche
Des enfants des peuples nègres
Des peuples nus comme les ailes
Des oiseaux de l'hiver couvertes
De cristaux de givre couleur de sang
Les ailes coupées des oiseaux montent
Montent avec le cri criblé de plomb
Dans la gorge des enfants remplie
A ras bord de peur et d'amandes
Au lait doux ruisseau de la douleur
Que nous portons dans nos outres amères
C'était quelques jours après Noël
Une page de journal éclaire
Un monde qui pue comme les chiottes
De Gomorrhe Les peuples rois
Echangent à Rafah les bonnes clefs
Du trésor de guerre alors qu'au milieu
Des ordures des flaques où s'allument
Les bougies du camp de Khan Younis
On ne cuit plus le pain ni le mouton
Alors qu'on entend l'horizon mugir
Ibrahim attend de grandir il dort
Ibrahim va devenir le poète
D'un peuple très ancien qui n'a plus rien
Que la sépulture de plumes blanches
Du premier Indien pour couvrir ses morts
Avec les ailes des oiseaux coupés
Qui montent leurs bûchers jusqu'aux ciels
Enfumant en vain leurs jumeaux d'acier
Ibrahim sur tes paupières retombent
En cendres nos poèmes calcinés
Comme les vergers d'amandiers
C'était quelques jours après Noël
Une page de journal arrachée
S'envole comme un arbre qu'on dépiaute
Du souvenir de ses fleurs de ses fruits
Avec les paroles d'un homme perdues
Hurlant au milieu du bruit de la fête
Que font les bonnes gens des peuples rois
Pour couvrir le vacarme qui monte
Du camp et oublier le carnage
Éblouissant tressant sa couronne
Autour de la tête des enfants
Endormis parmi des parchemins
Et leurs bonnes résolutions écrites
Par des types qui n'ont pas honte
De vivre dans un monde dont les chiottes
Débordent de mots comme Noël
Paix Bonté des mots que nous ne pourrons
Plus tracer qu'avec les cailloux
Du chemin qui mène à la colline
Où repose ton enfance Ibrahim
Volée aux vergers de Palestine
Et leurs mille parfums éparpillés.

' Les enfants de Palestine tombent comme les pétales de fleurs '
Epinay, dimanche, 11 janvier 2009

Les enfants de Palestine tombent comme des pétales de fleurs
Et moi je réchauffe dans mes doigts gourds
Des coquelicots rougis par le givre je broie leur chair
Légère entre mes paumes de receleur d'épices de draps et de grains
Le jardinier est parti cet été il a quitté le jardin des roses
Ici je sombre dans un somme d'ivrogne sourd
A tout ce qui nous pousse dedans ses racines
Les vergers de citronniers aussi ont un passeport
En peau de lune retournée
On y taille de beaux petits linceuls de plumes sur mesure
Je les glisse avec les têtes de coquelicots coupées
Dix grains de café deux grains de cardamome et sept grains de blé
Dans une enveloppe nocturne scellée du sel de mes pleurs
Les corps des enfants de Palestine s'envolent comme la farine
Des greniers innocents où nous plongeons nos mains
Avec la poudre du masque que je portais à Venise ou
A Varsovie j'écris dessus l'adresse que les oiseaux grues connaissent
' Gaza Ghetto ' tout le monde sait où c'est
Je suis revenu de si loin dans mon costume d'oiseau mort
Je ne peux pas attendre encore pour envoyer ma lettre
La fin de leur guerre et le retour du jardinier
Dans le jardin des roses
Les formations d'oiseaux migrateurs suivent la trace
Des pétales de fleurs
Tous les chemins jusqu'à la Mer Rouge en sont recouverts
Et le vent qui souffle sur la terre n'arrive pas
A déboutonner ce grand manteau couché sur son ventre ouvert
Sur ses ruines indécentes sur sa dépouille de chienne crevée
Ses tripes à l'air où tournent encore parmi les vergers
Témoins de leur folie
Tournent encore mille toupies de plomb durci
Je ne peux pas attendre que ma lettre écrite à la lueur des flambeaux
De Venise ou de Varsovie frappe à la porte de vent
De la demeure du jardinier qui n'est plus là pour recueillir
Les graines du poème et les semer sur les pages labourées
Des cahiers d'école je ne peux pas attendre que mes pleurs
Mêlent au sang des enfants lucioles de tous les ghettos
La poussière douce des mots tombés comme des pétales
De fleurs sur Gaza au burnous rouge berger des pierres
Les menant avec son pipeau dormir longtemps
Sur les jeunes corps alors
Qui que tu sois si tu trouves ma lettre apporte-là au jardin des roses
Je t'en prie prends la place désertée par le jardinier et lis :
' Enfants afin que le printemps renaisse de vous
Qui ne savez rien de la vieillesse et de la honte
Afin que le printemps renaisse Pardonnez-nous ! '

Camion blanc
Aux enfants du Liban et de Palestine
Paris, Vendredi, 18 août 2006


C'était un grand camion blanc
Un grand camion blanc qui roulait très lentement
Un camion rempli d'enfants riant
D'enfants jouant dormant rêvant
Qui roulait depuis longtemps
Sur le bitume brûlant collant
Du vaste désert de pierres chauffé à blanc
Avec du rouge aussi comme du sang
Et avec un vieil homme au volant
Qui en avait vécu des histoires
Le grand camion cahotait drôlement
Vers un pont là juste devant

C'était un grand pont aux piliers blancs
Sous un soleil étourdissant
Il traversait un fleuve tranquillement
Où mouraient des mares d'argent
Dans le désert de pierres vibrant
Un fleuve porte de l'eau aux gens
Précieux comme les yeux d'un être aimant
Un grand pont qui avait l'air content
Et beaucoup de fleurs de nénuphars
Avec leurs grands pétales blancs
Eclatés par erreur vraiment
Un peu de rouge aussi comme du sang

C'était un grand camion blanc
Un grand camion blanc qui roulait très lentement
Il n'avait presque plus de carburant
Avec sa cargaison d'enfants insouciants
Vers le pont à traverser pas d'histoires
C'était un grand pont aux piliers blancs
A traverser tout simplement
Un fleuve où la vie buvait goulûment
Ses rêves oubliant les guerres d'avant
Le vieil homme au volant prenait son temps
Ecoutait les rires des enfants
Des oiseaux tombés sur lui des cerfs-volants
Ravi de les emmener pas d'histoires
Sur une terre sans barbelés arrogants

C'était un paysan mais maintenant
Fini sa maison ses arbres son champ
Ses oliviers de poussière blancs
De cendres aussi alors en avant !
Arrivé près du pont étincelant
De lumière et ses voiles criant
« Il ne faut pas ! Il ne faut pas ! » Pourtant
Le camion avait pris de l'élan
Pendant que les pierres du pont chauffées à blanc
Répétaient « Il ne faut pas ! » comme un chant
Les enfants tambourinaient sur l'acier ardent
C'était la fête du grand camion blanc
Parti il y a si longtemps
D'un village éclaté par erreur vraiment
Un village d'argile aux murs d'été mouvants

C'était un grand village blanc
Avant avec du rouge comme du sang
Un grand village blanc rempli d'histoires
Que racontaient le soir les vieilles aux enfants
Arrivé près du pont resplendissant
Dans le soleil son bouclier géant
Carillonnait « Il ne faut pas ! » Pourtant
Joyeux se précipitait le vieux paysan
Hurlaient de terreur dans les mares d'argent
Aux rires des enfants les fleurs de nénuphars
« Il ne faut pas ! Il ne faut pas ! » Vraiment
Toute la terre en même temps
Faisait la ronde autour du camion blanc
Qui prenait par erreur d'aiguillement
Le chemin de feu de fer de sang

C'était au volant un vieux paysan
Il a cru entendre des gémissements
En haut de la colline une ombre du vent
Modelée par des mains de bonté vraiment
C'était un très grand arbre blanc
Qui attendait là depuis si longtemps
D'au-dessus des bruits du monde venait son chant
Juste avant le pont le vieux paysan
A arrêté le grand camion blanc
Le grand camion blanc rempli d'enfants
Courant sautillant boitillant
Prenant la main des petits les plus grands
Avec le vieux ils vont troupeau de cerfs-volants
A l'appel de l'arbre vite c'est urgent !
Et s'il allait mourir que deviendrait le temps ?
Le temps léger d'inventer des histoires

C'était un grand arbre blanc
Totem de leurs rêves et de leurs mémoires
Je t'ai entendu a dit le paysan
Que faut-il faire maintenant ?
Aussi vieille que l'arbre une source descend
Vers le grand désert blanc très lentement
Qu'elle rejoindra dans cent mille ans
Et au-dessus du pont c'est maintenant
Qu'un avion s'installe incandescent
Pour une pluie d'été d'acier bruissant
De force du dieu ciel écartelant
En un forage géant passé présent
Faisant jaillir du fleuve une eau noire de sang
Nouveau combustible pour les camions blancs
Qui éclate à son tour une erreur vraiment
En pétales vivants c'est un brasier navrant !

C'était sans doute un grand arbre blanc
A ses pieds le vieux paysan
Assis dans l'ombre légère du temps
Raconte aux enfants une ancienne histoire
Tout près du village aux lampes brillant
De mille fraîches flammèches d'argent
Comme l'enfance dans leurs yeux le soir
Voletant « . C'était un grand camion blanc. »

biografia:
Dominique Le Boucher

Née en 1956 à Aubervilliers dans la banlieue parisienne au sein d'un univers pluriel et métissé, j'ai été en contact au cours de son enfance et adolescence avec le milieu de l'immigration ouvrière maghrébine des années 60. Après une formation de céramiste et de peintre j'ai participé aux années révoltées et créatrices entre 1975 et 1985 en mêlant céramique et peinture à une existence au sein du milieu paysan cévenol.
Ma rencontre en 1990 avec la Revue d'études palestinienne ainsi que les recueils de poésies du poète palestinien Mahmoud Darwisch et le retour en région parisienne à Gennevilliers puis à Montfermeil ainsi que la participation à l'association France-Palestine me font renouer avec les réalités et les créations de l'ailleurs qui l'ont toujours touchée. Mes débuts dans l'écriture se font en même temps que la reprise de contact avec une banlieue qu'elle connaît bien et dont l'univers pluriculturel qui l'a enrichie continue de l'intéresser, celle du Nord-Est parisien et plus particulièrement du 93.
C'est une seconde rencontre avec la revue Algérie-Littérature/Action et sa responsable de rédaction Marie Virolle en 1995 qui me permettent de découvrir le milieu des créateurs algériens et de commencer son travail de critique littéraire conjoint à celui d'écrivaine.
Mon premier récit conte Par la queue des diables mettant en scène une petite fille d'une cité de banlieue qui va à la découverte dans les années 60 du bidonville et de sa population immigrée est publié en conte à épisodes dans la revue Algérie Littérature/Action en 1996 avant d'être repris par les Ed. L'Harmattan en 1997. Par l'intermédiaire de Leïla Sebbar et suite à un travail de critique littéraire sur les nouvelles des différents écrivains ayant participé à son recueil Une enfance algérienne je fais la rencontre de l'écrivain pied-noir Jean Pélégri. Cette rencontre donnera lieu à une longue collaboration amicale et littéraire et il en sortira un essai en 2000 paru aux Ed. Marsa animées par Marie Virolle intitulé Jean Pélégri l'Algérien Le Scribe du caillou.
Aujourd'hui j'ai publié une dizaine de livres et je travaille depuis 2005 avec Louis Fleury graphiste vivant dans une cité d'Epinay-sur-Seine à une petite édition artisanale Les Cahiers des Diables bleus, un projet marginal centré sur la banlieue parisienne et les gens qui y vivent, rêvent, travaillent et partagent un quotidien souvent difficile et peu valorisé. Le but des Cahiers des Diables bleus, « rebelles et créatifs » est de témoigner de la créativité de la banlieue et de donner paroles et images à ceux et celles qui en ont envie et qui désirent recréer entre eux un lien poétique et humain. Il existe également un blog : www.lesdiablesbleus.com où on peut trouver les textes et les images de cette revue.

le-boucher.d@wanadoo.fr

 

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